Kinésithérapie et maltraitance : que faire ?

En ce moment je suis le mooc sur la déontologie proposé par le Conseil de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes. La 1ère partie du module 2 concerne la maltraitance. Que pouvons-nous y faire en tant que kiné ?

C’est cette partie là qui m’a donné envie d’écrire un résumé pour ceux qui ne souhaitent pas suivre le mooc dans son intégralité. En effet, il est question ici de maltraitance en particulier des enfants et de la conduite à tenir…sujet dont je n’ai jamais entendu parler de toute ma formation de kiné. Ni après d’ailleurs. Les seules connaissances que j’en avais étaient des notions personnelles…qui se sont malheureusement révélées très utiles quand je me suis retrouvée dans mon cabinet face à une enfant maltraitée.

Donc pour tous les kinés qui ne savent pas quoi faire en cas de maltraitance et surtout pour leurs patients, voilà ce que Pascale Mathieu, présidente du conseil de l’ordre National des Masseurs-Kinésithérapeutes, nous dit sur le sujet : il est de notre devoir de kiné de signaler s’il y a maltraitance…ou simplement soupçon de maltraitance.

« Le Masseur-Kinésithérapeute doit être le défenseur de l’enfant, lorsqu’il estime que l’intérêt de sa santé est mal compris ou mal préservé par son entourage »

Article R4321-89 du code de déontologie

En effet signaler ce n’est pas accuser mais simplement tirer une sonnette d’alarme. Ce n’est pas le kiné qui juge ensuite du bien-fondé du signalement. La loi protège désormais les professionnels de santé qui témoignent, il n’y a pas de sanction disciplinaire.

« Toute personne ayant eu connaissance de privations, de mauvais traitements ou d’atteinte sexuelle infligés à un mineur de 15 ans s’expose à des sanctions pénales s’il n’en informe pas les autorités judiciaires ou administratives »

Article 434-3 du code pénal

100 000 enfants chaque année sont en danger et 500 à 600000 personnes vulnérables sont confrontées à une situation de maltraitance. C’est énorme, nous en recevons obligatoirement au moins une partie dans nos cabinets ! Or uniquement 5% des signalements de maltraitance proviennent des professionnels de santé…

Ce très faible taux de signalement s’explique par deux freins : la difficulté à se projeter dans quelque chose de très violent qui est en contradiction même avec nos valeurs de professionnels de santé et la difficulté de savoir quoi faire. Pour le 1er frein, il est intrinsèque à nos métiers.

En revanche pour le 2ème frein voilà les ressources pour aider un enfant :

  • s’il est dans votre cabinet et que vous pensez qu’il a besoin d’une prise en charge immédiate : appelez le 15 !
  • le 119 est le numéro pour le Service National D’accueil Téléphonique d’enfance en danger. Il peut être contacté aussi bien pour un signalement par un adulte que par les enfants et les adolescents eux-même : https://www.allo119.gouv.fr/
  • médecin traitant : dans le cas d’un mineur en danger, vous n’avez pas besoin du consentement du patient pour partager le secret professionnel
  • PMI ou ASE
  • dans chaque département il y a une cellule de recueil des informations préoccupantes
  • le procureur de la république

Attention ces informations s’appliquent aux mineurs… mais non aux majeurs. Donc si vous pensez être en présence d’un.e adulte maltraité.e comme par par exemple une femme battue vous ne pouvez alors agir que avec son consentement. Dans ce cas votre rôle consiste à essayer de l’accompagner pour qu’elle accomplisse elle-même les démarches…

Pour information, voilà les chiffres officiels concernant les violences au sein du couple (https://stop-violences-femmes.gouv.fr/les-chiffres-de-reference-sur-les.html) et on sait que le confinement majore les violences conjugales…

« En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de violences physique et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime, est estimé à 219 000 femmes. L’auteur de ces violences est le mari, concubin, pacsé, petit-ami ; ancien ou actuel ; cohabitant ou non.
3 femmes victimes sur 4 déclarent avoir subi des faits répétés
8 femmes victimes sur 10 déclarent avoir également été soumises à des atteintes psychologiques ou des agressions verbales « 

Ces informations sont à garder en tête. Maintenant que vous savez comment réagir en tant que kiné si vous suspectez une situation de maltraitance, à vous de jouer !

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