Fibromyalgie et kiné : faire équipe avec son patient, sinon rien…

Évidemment mon titre est provocateur… Cela fait plusieurs années que je travaille avec les patients ayant une fibromyalgie maintenant. Il y a quelques semaines, j’ai eu au téléphone un confrère qui me demandait en quoi la rééducation dans le cadre d’une fibromyalgie est spécifique. J’ai hésité… et j’ai choisi d’axer ma réponse là-dessus.

Les pièges de la kinésithérapie pour une fibromyalgie

Actuellement il existe très peu de formation spécifique kiné sur la fibromyalgie. Perso mon cours dessus tenait en une ligne (et encore j’écris gros…). Alors quand on est confronté à un patient avec une fibromyalgie, en tant que Masseur-Kinésithérapeute il existe deux choix :

  • Antalgique : le patient arrive en grande douleur, la priorité est d’essayer de le soulager. Pour cela, le kiné met en place des techniques antalgiques : massage, tens, balnéothérapie,etc…
  • Remise en mouvement : le patient arrive déconditionné à l’effort, la priorité est de le faire bouger. Pour cela, le kiné met en place une remise en mouvement : reconditionnement à l’effort, renforcement musculaire, étirements, etc…

Alors pourquoi je parle de piège ?

Parce que bien sûr toutes ces techniques sont utiles, je vous renvoie à mon articles sur Kiné Scientifique si vous voulez plus de détails sur leur efficacité : http://www.ks-mag.com/article/979-e…
MAIS (oui je sais vous vous y attendiez ;)) il ne faut pas s’enfermer dans l’une ou l’autre de ces phases :

  • Le Masseur-Kinésithérapeute, plein de bonne volonté qui fait de l’antalgique à chaque séance se bat contre un puits sans fond…et en plus tout seul.
  • Le Masseur-Kinésithérapeute qui propose un programme d’entraînement avec une progression linéaire à son patient risque de le démotiver, voir de le faire arrêter. En effet si après chaque séance le patient reste au lit 3 jours, il ne reviendra plus…

Faire équipe ensemble !

Et là vous voyez où je veux en venir… oui il faut faire de l’antalgique, et oui il faut faire de la remise en mouvement, mais il faut surtout le faire avec le patient ET mêler les 2 phases. Dans le cadre d’une fibromyalgie, et c’est bien là l’une de ses spécificités, on ne peut pas prévoir une évolution linéaire comme en traumatologie par exemple. Il faut en permanence passer de la phase antalgique à la phase rééducation stricto sensu.
L’antalgique doit servir à la remise en mouvement pour casser le cercle vicieux « j’ai mal donc je ne bouge plus donc j’ai encore plus mal ». Et c’est pour ça qu’il est aussi important de faire équipe avec son patient.

Faire équipe… oui mais comment ?

Le patient est aux premières loges pour savoir ce que son corps est prêt à supporter à l’instant T. Et le Masseur-Kinésithérapeute sait qu’il faut rebouger. Si le patient a confiance dans son kiné, il va accepter de faire des exercices malgré sa douleur, et il va la dépasser. Si le kiné a confiance en son patient, le jour où celui-ci va lui dire que vraiment il ne peut pas, il respectera sa demande.

Je sais bien que la fibromyalgie est accompagnée de dépression dans environ 3 personnes sur 10 et que celle-ci a un impact direct sur la motivation. Mais là aussi faire équipe avec son patient est fondamental. Quand la dépression prend le dessus, c’est au kiné d’insister pour que la rééducation se fasse.

Et avec les autres soignants ?

La meilleure prise en charge de la fibromyalgie aujourd’hui est une prise en charge pluri-disciplinaire. Il est donc important pour le Masseur-Kinésithérapeute de communiquer avec les autres soignants également pour affiner sa prise en charge avec le patient (et non sa prise en charge du patient si vous avez suivi ce que je raconte)

Rendre le patient acteur de sa rééducation… comme son kiné

Pour créer une équipe, il faut que les deux membres de l’équipe y participent. L’éducation thérapeutique du patient permet qu’il devienne acteur de sa rééducation et qu’il soit motivé et non passif. L’ETP ça nécessiterait un article entier dessus…

En bref ça donne quoi pour la fibromyalgie ?

  • Toujours envisager la phase antalgique et la phase rééducation de manière concomitante
  • Faire équipe avec son patient
  • Favoriser l’éducation thérapeutique du patient pour qu’il devienne acteur de sa rééducation
  • Communiquer avec les autres soignants pour une prise en charge pluri-disciplinaire

Je sais que ma patiente L.L va me lire et j’en profite pour la remercier parce que c’est en partie grâce à notre équipe kiné-patient que j’ai réussi à mettre en mots tout ça.

Mon nouvel article sur la fibromyalgie est sorti en septembre 2015 dans le n°164-165 de « Kinésithérapie, la revue » (enfin !). C’est un cas clinique de traitement en kinésithérapie en cabinet libéral dans le cadre d’une fibromyalgie que Michel Gedda a eu la gentillesse de me demander d’écrire en utilisant le Bilan-Diagnostic Kiné.

Et vous, patient ou soignant, vous en pensez quoi ? Ici j’ai parlé de la fibromyalgie, mais cela s’applique de manière plus générale à d’autres pathologies bien sûr…

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